Qui n’est pas poursuivi par le fantôme d’un arbre ? Autour de lui louvoie une forme de volupté. Coco Téxèdre nous fait entrer en sa vibration en rappelant combien désormais la forêt est fragile. Et ses arbres risquent de devenir des corps lointains : nous en sommes de plus en plus séparés. Ils restent néanmoins des silhouettes d’attente et d’espoir. Ce sont nous les remparts d’un monde premier. Ils peuvent nous ramener à nous-mêmes tout en nous rapprochant des racines de l’humain et de nos rêves. Bref leur injonction silencieuse est le seul recours.
Coco Téxèdre par ses montages en fait le cœur (malade) du monde. La forêt reste l’élan vital et le refuge, « Venez dans mon royaume dit l’arbre » (Eugène Guillevic). Il est temps de le sauver. Et l’artiste le rappelle. Il est la source à laquelle s’abreuvent toutes les feuilles de la vie. Il est. On se frotte contre lui et désormais il en gémit. Le ciel est divisé par lui. Il en emporte le quotient. L’arbre est d’emblée sa masse. Il forge la poussée vers nous d’une profondeur qui va rester close : elle est en cela irreprésentable. Pourtant il y a le miracle des œuvres de Coco Téxèdre qui n’en finit pas de l’ouvrir jusqu’à la chair de pierre nue. Jean-Paul Gavard-Perret