Coco Téxèdre est née en 1953 à Saint Georges-des-Groseilliers, Orne. Formée à l’école des Beaux-Arts de Tours, elle débute par une carrière de maquettiste dans le cabinet d’architecture de son père puis démarre tardivement une activité picturale intense. Influencée par les Lettristes et les Surréalistes, elle s’intéresse dans un premier temps à l’écriture plasticienne, automatique et dissimulée. Elle déploie un gigantesque journal intime qu’elle conjugue en peintures, dessins, livres, sculptures, vitraux… Une forme de psychothérapie qui s’orientera vers une investigation plus personnelle et engagée où le féminisme et le militantisme prendront une grande place. Elle s’insurge sur le devenir de la planète, les désastres écologiques, les atrocités guerrières qui menacent, l’inégalité des droits entre les hommes et les femmes. Quelques installations impressionnantes : Les moutons de Panurge, Trophées divers, Ribambelles, Cènes quotidiennes, Le massacre des innocents, Sauve qui peut ponctueront cette période révoltée chez cette artiste discrète mais au caractère bien trempé. Maintes fois déstabilisée par des crises de migraine ophtalmiques qui la tiennent loin de l’atelier, elle conjure son handicap par une exploration introspective de ses visions douloureuses, stridentes et colorées en donnant naissance au cycle Aura.
La rencontre avec l’écrivain Suzanne Aurbach, l’amie, la complice, l’alter ego facilite le développement de nouveaux projets où le livre d’artiste tient une place centrale. Suzanne est Coco, Coco est Suzanne, s’en suivent de nombreux manuscrits à quatre mains où le poète et le peintre se mirent dans la même source. L’histoire personnelle de l’écrivain adjoint à cette complicité la dimension tragique du peuple juif qui se traduira par les grands dessins Shoah exposés pour la première fois en 2009 à la chapelle Sainte Anne à Tours.
Mais la femme, sa féminité, son intimité… et ses casseroles restent toujours sous-jacentes. Les annexes sont comme un lourd balluchon que l’on traîne avec soi quoi qu’il arrive. Et si la bonne fée ne s’est pas penchée sur le berceau, il faudra faire avec la mauvaise. La dimension humoristique n’est cependant pas absente dans l’ œuvre, et si l’on rit parfois jaune face aux dénonciations de l’incurie humaine, on rit aussi dans toute la gamme du spectre et… à gorge déployée devant les pilosités et les obsessions culottées et sensuelles de l’artiste.
Avec Daniel Leuwers débute une autre aventure, celle des livres pauvres où la rime à rien le dispute parfois au plus lyrique alexandrin. Coco Téxèdre sert sa vers veine graphique aux poètes aguerris du prieuré aux (p)roses de Ronsard : Daniel Leuwers, Henri Meschonnic, Michel Butor, Gilbert Lascault, Pierre Bergounioux, Pierre Schroven, Dominique Sampiero, Suzanne Aurbach, Nicole Drano Stamberg, Linda Maria Baros et bien d’autres… Chaque rencontre, chaque partage ouvre des univers de créations différents dans un plaisir toujours renouvelé. L’artiste a réalisé à ce jour plus de cent vingt livres pauvres.